Récit de voyages 2 - La cité perdue

Nous avons donc poursuivi notre voyage tous les 2, Victor et moi, vers Santa Marta. C’est d’ici que nous avons entrepris notre treck vers la Cité Perdue. 6 jours de marche dans la Sierra Nevada, la plus haute chaîne de montagne littorale du monde (certains sommets dépassent la aussi les 5000m).

Le 6 janvier, nous sommes partis avec un groupe d’une vingtaine de personnes (dont seulement 3 Colombiens), un guide et 2 cuisiniers-porteurs-bref, hommes à tout faire, avec une petite chiva (petit bus typique de Colombie), qu’il a fallu pousser dans un passage difficile (la route était la pire que nous n’ayons jamais empruntée). Après quasiment 3h de route, nous sommes arrivés à un petit village où nous avons chargé des mules avec tout l’équipement et la nourriture nécessaires pendant une semaine.

Puis nous avons commencé à marcher, mais seulement 3 heures le premier jour. Mais 3 heures de montées en majorité et sous une chaleur assez forte, bien chargés par les sacs de rando. Nous avons donc marché jusqu’au premier campement qui ressemblait à peu près a ça. Les hamacs dans lesquels nous dormions étaient équipés de moustiquaire, mais malgré ça j’ai été piquée énormément ;Victor, lui, a été plutôt bien épargné.

Ce campement a été le seul où nous avons eu de l’électricité. L’eau que nous utilisions venait directement des torrents, celle que nous buvions aussi d’ailleurs. Il y avait des toilettes dans les campements (chasse d’eau avec un seau), et nous nous lavions par douche ou dans les torrents.

Le matin, nous nous levions vers 7 heures, prenions un petit déjeuner préparé par les cuisiniers (au passage, tous les plats que nous avons mangés étaient délicieux), et partions marcher. Nous déjeunions en général à l’arrivée au campement, c'est-à-dire entre 14h et 17h suivant la journée. Puis l’après midi et la soirée, nous parlions ou jouions aux cartes. Nous avons eu des discussions très intéressantes avec notre guide et les Colombiens. Notre guide était un ancien paramilitaire. C’est incroyable de voir que les paramilitaires ont une image aussi peu négative auprès de certains Colombiens, et notamment pour notre guide selon qui ces milices sont là pour protéger les paysans.

Le 3^ème jour, nous sommes arrivés à la Cité Perdue, après 5 heures de marche. Cette cité a été construite par les Tayronas, les indigènes de cette région. Quand les Espagnols sont arrivés, la Cité avait déjà été désoccupée, mystérieusement. Leur culture est encore peu connue, mais ce que nous savons déjà est très intéressant. Le 4eme jour, nous n’avons pas marché, mais nous avons visité la cité avec notre guide. La cité est constituée de terrasses en pierres organisées de façon hiérarchique. Si j’ai le temps, j’essaierai d’écrire un article un peu plus détaillé sur le sujet.

Le 5eme jour, nous sommes repartis pour une longue marche (7 h), avec de nombreux passages à gué (nous avons du traverser la rivière 7 fois). Nous sommes arrivés bien fatigués au campement. Une bonne partie du groupe est allée visiter le « laboratoire ». De quoi me direz vous ? N’oubliez pas que nous étions dans la Sierra Nevada, qui a été pendant de très longues années une zone importante de culture de coca. L’atelier en question produit donc la base de la cocaïne, une espèce de pate à laquelle il ne manque qu’un dernier processus (de séchage) pour obtenir la cocaïne. Il existe plusieurs labos dans ce genre dans la Sierra Nevada, ce qui nous parait assez incroyable puisque les militaires sont désormais partout dans cette zone. Notre guide nous a assuré que les militaires n’en connaissaient pas l’existence… dur à avaler. Nous pensons plutôt qu’il y a un accord entre les propriétaires de ces labos et les militaires, puisque l’activité touristique qui s’est développée autour de ces visites semble assez lucrative.

Au niveau de la recette, je vous laisse regarder cette petite vidéo qui explique le procédé de fabrication. Accrochez vous : Lab cocaine

Dur dur de se dire que, à partir d’une plante sacrée tant utilisée par les indigènes pour ses vertus (stimulantes et thérapeutiques), on peut arriver à un mélange aussi écœurant.

Nous avons juste gouté la tisane aux feuilles de coca, qui a une saveur assez forte et amère. Ce n’est pas très bon au gout, mais ça procure une bonne nuit de sommeil (ça reste très léger) !

Pendant notre marche, nous avons croisé de nombreux indigènes. Nous avons évité de prendre des photos qui ne sont pas forcément appréciés. Ils nous ont aussi aidés à porter les marchandises sur toute la partie du trajet qui ne peut pas s’emprunter avec les mules. C’est incroyable de les voir presque courir, si chargés et si jeunes (les porteurs avaient une quinzaine d’années en général, il y a même eu un enfant d’à peine 10 ans)

Nous sommes restés ébahis devant la beauté des paysages : chaines de montagnes, forets, torrents, sols de toutes les couleurs... Ce treck nous aura laissé pleins de très belles images en tête ! 

Comments

[Terrevive]

Voici un livre "Tisserand du soleil" sur les Kogis. C'est un conte poétique illustré. On y parle aussi de la Cité perdue :



http://kathy.dauthuille.free.fr/Tisserand.htm



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[PopaJacky]

Passionnant... Très heureux pour vous.