Anniversaire : 8 jours - 8 mots
Voila 8 jours que nous sommes arrivés en Colombie. Pour ce petit anniversaire, nous avons choisi 8 mots pour parler de la ville de Bogota.
Bonne lecture...
Trancón
Bogota est une
ville d´embouteillages (“trancón” en bogotain) : en particulier aux heures de
pointe où à chaque feu une file de véhicules attend dans une atmosphère
surchargée de fumée. Pour y remédier la ville a pris plusieurs mesures comme
par exemple la mise en place du Transmilenio, à savoir des lignes de bus avec
des voies réservées qui permettent de désengorger en partie les axes les plus
fréquentés, ou le “pico y placa” qui interdit la circulation des voitures 2
jours par semaine, en fonction du dernier chiffre de leur plaque (d´où le “placa”)
aux heures de pointe (d´où le “pico”) à savoir entre 6h et 9h, puis entre 16h
et 19h.
L´amende est
dissuasive (480 000 pesos – 180 euros) : mieux vaut donc prendre un taxi
si l´on est “pris dans le pico y placa”.
Buses y Busetas
L´un des 3 moyens
de transport “public” de la ville. En réalité ce sont des compagnies privées
qui gèrent les bus de toutes tailles et de tous ages, responsable d´une part
importante de la pollution de Bogota à en juger par les nuages de fumée qui s´en échappent.
Comme pour
d´autres services “publics”, comme par exemple la santé, la libre concurrence
fait foi entre les entreprises. Ainsi les chauffeurs s´arrêtent à n´importe
quel endroit pour prendre des passagers ou les faire descendre, ainsi il n´est
pas rare de voir des bus s´arrêter en plein milieu d´une rue a plusieurs voies.
Pour prendre un bus : rien de plus simple, il suffit de faire signe au
chauffeur, par contre savoir quel bus choisir parmi la multitude nécessite une
expérience souvent réservée aux habitants du quartier. En effet, il existe un
grand nombre de “rutas”, des parcours, chaque a sa pancarte indiquant les
principales zones desservies mais on est bien loin des lignes bien définies des
villes françaises. Qui plus est, un chauffeur peu très bien décider de changer
d´itinéraire ou de demander à tous les passagers de descendre pour une raison
ou une autre (cela reste exceptionnel).
A réserver donc aux initiés.
Calles y Carreras
L´une des choses
les plus importantes à savoir pour pouvoir s´orienter dans Bogota :
l´ensemble de la ville est quadrillée par un réseau de rues, globalement soit
orientées d´Est en Ouest (calles), soit du Nord vers le Sud (carreras). Ainsi
les adresses dans Bogota se donnent sous la forme Cra 7#19-1 ou Cle
19#7-1 : cra signifie carrera (cle = calle), suit le numéro de la carrera, puis celui de la calle (ou de la
carrera si le premier est une calle) et enfin le numéro de l´édifice. Ce qui
fait qu´il est très simple de s´orienter dans Bogota à partir de n´importe quel
point, d´autant que la ville est adossé sur son côté est à des montagnes plus
élevés et visibles quasiment de n´importe où. Il faut cependant faire attention
car la numérotation des calles est symétrique par rapport au centre de la ville
ce qui fait que l’on devrait normalement préciser s´il s´agit de la calle Sud
ou Nord. Cependant comme personne n´a vraiment envie d´aller dans les quartiers
très pauvres du sud pour y risquer son argent voir sa vie, on ne précise pas
lorsqu´il s´agit des calles au Nord.
Carretillas
Plus
folkloriques, les “carretillas” sont des charrettes faites maison, tirées par un
cheval, et qui servent de véhicule aux “recicladores”. Cette catégorie
socio-professionnelle est révélatrice du fossé séparant les classes aisées des
classes pauvres. En effet, dans l´ensemble des foyers et apparemment la grande
majorité des entreprises et commerces, les déchets ne sont pas triés et se
retrouvent donc mélangés dans des bennes communes. Or, la société gérant le
traitement de ceux-ci n´accepte que les déchets triés par matière. C´est ici
qu´interviennent les “recicladores” qui font le tri dans les ordures des autres
pour séparer carton, plastique … tout en étant payés par ceux qui balancent
leurs déchets non triés et qui se prémunissent ainsi contre une lourde amende.
Il n´est ainsi
pas rare de voir sur une 4 voies en plein milieu de la ville ces “carretillas”,
sans freins ni éclairage. Leur circulation est normalement interdite sur les
axes principaux mais étant donnée leur grande pauvreté, les “recicladores” n´ont
d´autre choix que de les utiliser.
Estrato
Chaque quartier,
chaque bloc de maison, est associé à un “estrato” compris entre 1 et 6.
Celui-ci est censé révéler le niveau du quartier : plus celui-ci est chic et
côté, plus l´“estrato” est élevé. Ainsi le quartier où vivent les parents
d´Alejandro a un “estrato” de 6, ainsi que la majorité des quartiers du nord de
Bogota, alors que ceux du sud sont en général à 1.
Cette
classification, bien que hautement discriminante, permet d´une certaine façon
un meilleur partage des coûts de l´eau, de l´électricité et du gaz. En effet,
plus l´“estrato” est élevé, plus les tarifs sont importants, ce qui fait que d´une
certaine façon les plus riches payent une partie de la consommation des plus
pauvres.
Policía
À Bogota les
policiers sont partout, en particulier à proximité des zones de forte affluence
tels que les centres commerciaux ou les édifices principaux. Loin des policiers
francais, ceux-ci arborent l´uniforme facon camouflage militaire, avec au
minimum une matraque imposante, et sinon pistolets, fusils-mitrailleurs… de
quoi décourager le moindre pick-pocket. On remarquera leur forte présence aux
alentours de l´université avec de gentils Rottweiler promenés heureusement en
laisse et muselés, ainsi qu´une grande varieté d´hommes en armes. Il faut dire
que l´université de Los Andes accueille les fils du président : la
sécurité est donc maximale (cela rassure également les parents des étudiants
car la scolarité représente une fortune par rapport au revenu moyen et comme le
dit la mère d´Alejandro, il ne faudrait pas que des perturbateurs externes au
nom d´une quelconque revendication empêchent le bon déroulement des cours).
Seguridad privada
Étant donné le
taux de délinquance non négligeable dans la ville (mais plus du à la pauvreté
qu´à la volonté de nuire comme dans certaines villes de France), ainsi que la paranoïa de certaines personnes
des classes aisées, l´ensemble des centres commerciaux, les magasins un peu
classe, ainsi que les “conjuntos” (groupe d´immeubles/habitations dans une
enceinte fermée) disposent d´un service de sécurité privée. Cela va des
employés qui contrôlent l´accès aux immeubles du conjuntos où nous sommes et
qui, ne connaissant ni la tête de Sarah, ni la mienne, nous demandent avec
insistance où nous allons, puis prennent nos noms et prénoms, aux nombreuses
personnes autour de l´université – impossible d´ailleurs d´y rentrer sans avoir
son “carné”, carte d´identité interne, à moins d´avoir un rendez-vous officiel
ou d´être accompagné par un étudiant -, ou encore un homme avec un fusil à
pompe dans le dos qui surveille le chantier à côté de l´appartement des parents
d´Alejandro – alors que le quartier est plutôt tranquille- . J´oubliais les
maîtres-chiens à l´entrée des parkings publics qui demandent aux conducteurs
d´ouvrir les portières et le coffre pour une inspection à la truffe en
recherche d´explosifs ou de drogues, les gardiens sur des miradors surveillant
le parking extérieur du centre commercial à deux pas de chez nous, ceux qui
passent les sacs au détecteur d´armes à l´entrée de ce même centre …
Au moins cela
crée des emplois et permet de chasser les délinquants de certains quartiers ou
de certaines zones …
Vendedores
ambulantes
De tôt le matin à
tard le soir, des vendeurs ambulants sont installés à la quasi-totalité des
feux des axes principaux. Tout peut s´acheter dans la rue : des fruits, les
DVD piratés, des chargeurs de mobiles, des drapeaux colombiens, des
planisphères, des fleurs, des cerfs-volants… Et étant donnée la fréquence et l´importance des bouchons, les
vendeurs ont tout le temps pour passer de voiture en voiture et proposer leurs marchandises. Sans compter les
vendeurs ambulants de glaces sur leurs tricycles, ceux qui ont des petits stands
où l´on peut acheter toutes sortes de nourritures, les vendeurs de minutes
d´appel qui ajoutent à l´ambiance sonore leurs ”¡llamas! ¡llamas! ¡llamas! ”,
ou le réparateur de mixeur qui parcours les rues en proposant ses services à
l´aide d´un mégaphone…
Du point de vue
d´un étranger, cela peut paraître révélateur de ce qui semble être l´une des
forces du peuple Colombien : l´adaptation et la débrouille malgré des
conditions sociales, économiques et politiques qui ont souvent été difficiles
au cours de l´histoire du pays et un état de grande pauvreté qui touche une
part importante de la population, en particulier dans les villes.